Notes de lecture. Alexeï et Valentina Lossev, «La Joie pour l’éternité». Correspondance du Goulag (1931-1933)
Mise en ligne de La rédaction, le 10 juin 2019.
Alexeï et Valentina Lossev, «La Joie pour l’éternité». Correspondance du Goulag (1931-1933), traduit du russe par Luba Jurgenson, avant-propos de Georges Nivat, préface d’Elena Takho-Godi, postface de Luba Jurgensen, Genève, Éditions du Syrtes, 2014.
par André Désilets
[EXTRAITS DU NUMÉRO 59/MAI-JUILLET 2019]
Aujourd’hui, il n’est guère facile de parler du mariage sans en faire une caricature grotesque, rappelant du même coup ce qu’il y a de plus trivial et de plus repoussant dans le monde… comme si la vie conjugale était dépourvue d’intensité, de vérité, de beauté et d’élévation.
Aussi fallait-il une certaine audace pour publier une telle correspondance, une correspondance qui évoque avec force l’amour et la foi d’un homme et d’une femme et qui, par là, conteste «la tyrannie des circonstances» et chante un état d’être «que peu de gens, écrit Alexeï Lossev à son “inoubliable fiancée”, auraient eu le courage de vivre et que nos petits bourgeois de savants, de philosophes, d’époux et de moines ne pourraient même pas envisager» (p. 96).
Il est vrai cependant que les conseils du professeur Georges Nivat pour la publication de cette correspondance y sont pour quelque chose, lui qui signale dans son avant-propos que le mathématicien, philosophe et antiquisant de génie, Alexeï Lossev (1893-1988), ainsi que la mathématicienne astronome de grand talent, Valentina Mikhaïlovna Losseva née Sokolova (1898-1953), sont devenus « moines dans le monde» […] « comme à Paris deviendra moniale dans le monde la future mère Marie (Skobtseva) qui, partie avec les enfants juifs de son petit refuge parisien pour la mort au camp nazi, parviendra, elle, à la sainteté».
Précisons ici que les Lossev prononcèrent leurs vœux monastiques en 1929, soit sept ans après leur mariage, et ce, sous les noms d’Andronicus et Athanassia.
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