Notes de lecture. Jonathan Livernois, La révolution dans l’ordre. Une histoire du duplessisme

Mise en ligne de La rédaction, le 10 juin 2019.

Jonathan Livernois, La révolution dans l’ordre. Une histoire du duplessisme , Montréal, Boréal, 2018.

par Nicole Gagnon

[EXTRAITS DU NUMÉRO 59/MAI-JUILLET 2019]

Maurice Duplessis en 1944

Maurice Duplessis en 1944

«Qu’on ne me parle plus jamais de ce grotesque cynique butor personnage. Au moins pendant les cinquante prochaines années», concluait le pamphlet hargneux de Jacques Hébert en l’an 2000 (Duplessis, non merci). La Grande Noirceur et son corollaire encore plus indécrottable, la Révolution tranquille, sont néanmoins restés fichés dans l’imaginaire québécois, tandis que les savantes études sur le duplessisme venues nuancer ou rectifier ce double lieu commun ont proliféré jusqu’à nos jours, culminant dans le gros colloque organisé à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Duplessis*.

La Grande Noirceur? «Nos années lumineuses», rétorquait le provocant Jacques Ferron. Quant à la Révolution tranquille, parlons plutôt de «modernisation tardive et accélérée», telle que diagnostiquée notamment par Gary Caldwell**. Cette modernisation des institutions politiques avait pour finalité de mettre le Québec à l’heure de l’Amérique du Nord en substituant la rationalité administrative au paternalisme discrétionnaire, et l’État-providence à la Providence ecclésiale en perte de vitesse. Revenir sur sa signification première qui en était une d’affirmation nationale***»? Même la glorieuse «nationalisation» de l’électricité s’est effectuée selon la logique capitaliste, en s’inspirant de ce qui se faisait dans plusieurs États américains pour les besoins de l’entreprise privée: «selon les champions du capitalisme, nationaliser l’électricité était un chemin souhaitable pour moderniser l’économie du pays****».
(…)

* Xavier Gélinas et Lucia Ferretti, dir., Duplessis, son milieu, son époque, Septentrion, 2010; recensé par Jean Gould dans Égards, no XXXIV, hiver 2011-2012.
** «Du “Refus global’’ au Vide total: le spectre du nihilisme au Québec», Égards, no LVIII, novembre 2018-janvier 2019, p. 16.
*** Mathieu Bock-Côté, «La mémoire du duplessisme et la question du conservatisme au Québec», dans Gélinas et Ferretti, p. 451.
**** William Giguère, «Les influences transnationales sur la nationalisation de l’électricité au Québec (1934-1963)», Bulletin d’histoire politique, 2018, p. 105.

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