Document. L’histoire sans fard: le chassé-croisé De Gaulle/Pétain
Mise en ligne de La rédaction, le 10 juin 2019.
par Marie-France James
[EXTRAITS DU NUMÉRO 59/MAI-JUILLET 2019]
Je ne me targue pas d’être une historienne chevronnée, patentée, mais je considère que, sans viser ici à réécrire l’Histoire, il y a nécessité de la redresser, de la nuancer, de la dégager de l’idéologie dominante et, dans le présent cas, de la propagande gaulliste. Une documentation à propos et méconnue existe, elle est disponible. Mais encore faut-il la consulter – en particulier, les ouvrages de Jacques le Groignec –, l’intégrer, et diffuser une plus honnête version des faits. À cette fin, j’apporte mon humble contribution.
L’occasion m’est ainsi offerte de parfaire et/ou de vérifier certaines donnés historiques – l’histoire officielle est souvent «hémiplégique» et les mémorialistes «amnésiques» – relatives à des figures et des événements cruciaux, marquants du XXe siècle et, pourquoi pas? de réhabiliter, de redorer le blason par trop terni, par le politiquement correct, du maréchal Pétain; de rappeler ce qu’il a réussi, malgré tout, à maintenir voire à accomplir sous l’inévitable Occupation. En effet, tandis que le général de Gaulle tend à demeurer conforme à sa légende, au mythe qui l’entoure, le maréchal Pétain a été ostracisé, honni, banni, condamné sans rémission.
Conformément aux idées reçues et pour le commun des mortels, surtout les plus âgés, l’illustre inconnu, y compris pour ses compatriotes, qu’était Charles de Gaulle (1890-1970), est entré dans l’Histoire en date du 18 juin 1940; pour les baby-boomers et les souverainistes québécois, c’est celui qui, le 24 juillet 1967, du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, a clamé un «Vive le Québec libre!». Quant au maréchal Philippe Pétain (1856-1951), le tabou incarné, la consigne est de l’accabler ou de l’ignorer, malgré que sa vénération ait longtemps perduré, silencieuse, dans le cœur et le for intérieur du peuple français et des Canadiens français, jusqu’à ce que l’histoire officielle se charge d’en effacer pratiquement la mémoire au sein des nouvelles générations.
Il va de soi que je ne saurais me fixer comme objectif de relater la totalité des péripéties qui jalonnent le chassé-croisé De Gaulle/Pétain, ni même, s’agissant de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), de redresser tous les éléments que la propagande gaulliste s’est employée, jusqu’à ce jour, à biaiser au profit de ses propres fins politiques. Je m’en tiendrai donc à des points clés, à des éléments déterminants, significatifs et trop souvent méconnus.
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