Notes de lecture. Alain Besançon, Contagions – Essais 1967-2015
Mise en ligne de La rédaction, le 22 mai 2021.
Alain Besançon, Contagions – Essais 1967-2015, Paris, Les Belles Lettres, 2018.
par Michel Léon
[EXTRAITS DU NUMÉRO 62/PRINTEMPS-ÉTÉ 2021]
Alain Besançon offrirait-il la clé du sinistre mystère communiste et de quelques autres? La publication en 2018 sous le titre Contagions de dix essais datés de 1967 à 2015 montre l’effort exceptionnel de ce chercheur, philosophe, historien, économiste, pour analyser les articulations entre foi et raison politique, traditions théologiques et utopies modernes. Cet ouvrage, dont la langue soutenue compense une érudition échevelée, constitue le compendium de la carrière intellectuelle d’un homme né en 1932 à Paris. Besançon adhéra au parti communiste jusqu’aux révélations (partielles) des crimes soviétiques, en 1956, dont on doute qu’il ait pu les ignorer auparavant sans une juvénile cécité. Il avait alors 34 ans.
Agrégé d’histoire l’année suivante, successivement enseignant à Montpellier, Tunis puis Neuilly-sur-Seine avant de passer au CNRS puis à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), il entreprit un chemin de pénitence via son retour personnel au catholicisme. Son œuvre axiale consista à tenter d’établir la généalogie, les ressorts et les perversions du communisme russe, analyse intégrant les différentes strates spirituelles et philosophiques qui contribuèrent à l’engendrer. Il aborda la question musulmane, désormais brûlante, dans la seconde phase de son œuvre, parallèlement à une analyse critique des travers du catholicisme post-conciliaire.
Le procès de l’histoire russe, «une cause capitale entre toutes»
Pour Besançon, le procès de l’histoire russe est «une cause capitale entre toutes». De fait, il tente d’établir le diagnostic d’une «expérience» criminelle aux dizaines de millions de morts: l’Holodomor ukrainien, le Goulag, le massacre de l’élite polonaise, les purges et saignées obsessionnelles de ce régime prétendant à l’établissement du paradis sur terre. Ce soviétisme constitue une étape capitale de cette « falsification du bien » qui donnera son titre à un maître texte inclus dans le recueil, appuyé sur les travaux de Vladimir Soloviev et George Orwell.
Le titre du recueil, Contagions, est judicieux à tous égards.
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