Le siècle, les hommes, les idées. Abstraction indépendantiste et réalité démographique
Mise en ligne de La rédaction, le 21 avril 2012.
par Richard Bastien
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 35 / PRINTEMPS 2012 ]
(…) Pour la première fois dans l’histoire, des peuples prospères jouissant d’une certaine sécurité choisissent de ne plus se renouveler. Le Québec, comme d’ailleurs le Canada anglais et une bonne partie de l’Europe, appartient à cette communauté de nations indifférentes à leur réalité démographique. À peu près partout en Occident, l’indice de fécondité est inférieur au seuil de 2,1 enfants par femme requis pour assurer le remplacement des générations. Le Québec n’échappe pas à cette règle, son taux de fécondité variant entre 1,5 et 1,7 depuis une quinzaine d’années.
Cette dénatalité entraîne un vieillissement des populations. Dans quelques années, des pays comme l’Irlande, la Pologne, l’Espagne, l’Allemagne, la France – tous de vieux pays souverains qui, je le note en passant, sont en train d’abdiquer une part de leur souveraineté nationale au profit de l’Union européenne – verront leur population décroître, peut-être irréversiblement. Si les taux de fécondité se maintiennent, dans quarante ans les populations japonaise et européenne seront respectivement constituées de 75 et 50 % de personnes âgées. Au Québec, le vieillissement de la population sera plus rapide que partout ailleurs dans le monde industrialisé, hormis le Japon. Résultat : le pourcentage de travailleurs dans la population va diminuer, et celui des non-travailleurs, augmenter. Autrement dit, l’apport net au Trésor public ira en diminuant, et la ponction nette en augmentant. La question n’est pas de savoir s’il y aura ou non une crise des finances publiques, mais quand.
Ces données cachent une autre réalité, plus fondamentale encore, à savoir que les taux de fécondité demeurent partout très élevés chez les couples croyants. Dans un livre intitulé Will the Religious Inherit the Earth ? (2010), le professeur Eric Kaufmann analyse les données démographiques les plus récentes et conclut que le taux de fécondité des croyants-pratiquants est sensiblement plus élevé que celui des areligieux. Dès 2004, dans The Empty Cradle, le démographe américain Phillip Longman observait que « depuis la chute de l’Empire romain, le monde n’a jamais vécu une expérience comparable à l’actuel effondrement mondial de la fécondité », et expliquait ce phénomène par la perte du sens religieux.
Aujourd’hui, plusieurs études mettent en évidence le lien étroit entre foi et fécondité. Il en ressort que les États-Unis sont le dernier pays chrétien, l’Europe et le Canada étant dorénavant considérés comme postchrétiens. Selon le Pew Research Center, le pourcentage des Américains qui estiment que la religion occupe une place importante dans leur vie est de 59 %, un pourcentage beaucoup plus élevé que celui du Canada (30 %), de la France (11 %), de l’Allemagne (21 %), de l’Italie (27 %) et de la Grande-Bretagne (33 %). À l’exception des États-Unis, tous ces pays ont des taux de fécondité légèrement inférieurs au taux minimum de 2,1.
Tout se passe comme si la race humaine ne pouvait s’assumer pleinement sans une promesse d’immortalité.
(…)
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