Notes de lecture. Pierre Nepveu, Gaston Miron. La vie d’un homme

Mise en ligne de La rédaction, le 22 juillet 2012.

Pierre Nepveu, Gaston Miron. La vie d’un homme, Montréal, Boréal, 2011

par Luc Gagnon

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 36 / ÉTÉ 2012 ]

Gaston Miron

Le professeur Pierre Nepveu a rendu justice à la grandeur nationale du poète Gaston Miron dans cette magnifique biographie littéraire, une des plus réussies et fouillées jamais publiées au Québec, un peu dans la lignée – et à la hauteur – de celles de Gabrielle Roy par François Ricard, et d’Émile Nelligan par Paul Wyczinski. Elle comble ainsi un des nombreux vides de notre histoire littéraire ; on attend toujours, par exemple, des biographies savantes de Lionel Groulx, Félix-Antoine Savard, Octave Crémazie et Louis Fréchette. L’auteur a pu rédiger cet ouvrage dans des conditions optimales avec la collaboration très étroite de Marie-Andrée Beaudet, professeur à l’Université Laval et dernière compagne de l’écrivain, et d’une équipe de recherche. Il a eu accès à la correspondance de Miron et à ses archives. Le résultat est une satisfaisante et forte biographie de 900 pages qui embrasse la vie intérieure et publique du poète de Saint-Agathe-des-Monts.

L’auteur a su adopter, me semble-t-il, le bon ton pour traiter d’un personnage à la fois politique et littéraire. Étant lui-même poète, il a su dégager le sens proprement artistique de l’œuvre mironienne, sans négliger l’engagement politique de l’homme. Il ne s’adonne pas à une apologie sans nuance et ne partage visiblement pas l’obsession nationaliste et séparatiste de Miron. Il a discuté avec le poète pendant plus de vingt ans ; son jugement n’en est pas biaisé, il n’en est que plus vivant. Qui, d’ailleurs, dans le milieu littéraire québécois, n’a croisé ce sympathique poète de la cité qui déclamait en public ses vers avec son rire sonore et sa voix de stentor aux accents nationalistes et paradoxaux : « Il faut arriver là où nous sommes déjà ! » ; « Un jour, je dirai oui à ma naissance ! » Il fut notre dernier barde national bien-aimé.
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