Le siècle, les hommes, les idées. Un nouvel « acte médical » : l’euthanasie
Mise en ligne de La rédaction, le 22 juillet 2012.
Par Monique David
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 36 / ÉTÉ 2012 ]
Selon un récent rapport de l’Assemblée nationale intitulé, Mourir dans la dignité, cosigné par neuf députés, les Québécois sont maintenant prêts à considérer la mort à travers une nouvelle lentille. Le moment serait venu de nous libérer de la traditionnelle relation « paternaliste » avec nos médecins et d’adopter une attitude plus éclairée pour faire face à la souffrance et à la fin de vie. Nos valeurs, selon le rapport, ont beaucoup évolué au cours des vingt dernières années, il est donc normal que, dans notre adieu à la vie, nous examinions de près une « nouvelle option » offerte par l’État. Les auteurs du rapport avertissent le lecteur que même si, historiquement, les valeurs des Québécois étaient essentiellement ancrées dans la religion, les gens qui tiennent encore à ces principes ne devraient pas les imposer aux autres. Nous vivons dans une société laïque. Le respect « sacré » de la vie ne s’applique plus comme une valeur civique.
Nous sommes devant deux définitions contradictoires de la dignité. Le point de vue traditionnel considère que la dignité est un phénomène objectif, intrinsèque à la condition humaine indépendamment de l’âge, de la condition sociale, de la religion, du sexe ou de l’état de la personne; le point de vue profane soutient que la dignité est définie par et pour l’individu. Ce dernier point de vue prévaut dans la deuxième partie du rapport. Il nécessite un examen attentif.
La dignité subjective s’accorde avec l’idéologie laïciste, selon laquelle les individus, affranchis des limites prescrites par les valeurs religieuses, décident de ce qui est bon pour eux, tant que cela ne fait pas de mal à autrui. La notion d’autonomie de la personne est un élément fondamental de cette reconstruction de la signification de la dignité humaine. Elle est définie comme « ce qui permet aux êtres humains de mener et d’accomplir un projet de vie selon leurs convictions, dans les limites imposées par les droits et libertés des autres ». Le degré de dignité est mesuré au thermomètre de l’autonomie. Et c’est en fonction de ce critère que la personne doit décider si sa vie présente encore de l’intérêt. En d’autres termes, ce qui était autrefois inconditionnel – la dignité – est désormais « conditionnel » suite à un changement radical de paradigme, soit le passage de la sacralité de la vie humaine à l’autonomie comme critère de la dignité.
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