Lumières et réactions sur Le Moyne D’Iberville
Mise en ligne de La rédaction, le 4 décembre 2012.
par Claude Marc Bourget
En cette période des fêtes, nous offrons en intégralité l’important essai de Claude Marc Bourget sur Pierre Le Moyne d’Iberville originellement publié en 2006 (en deux livraisons successives) dans notre revue. Selon l’historien des Lettres Bernard Andrès, cet essai de Claude Marc Bourget est ce qui s’est fait de mieux sur ce héros canadien depuis la biographie de l’historien Guy Frégault*. Voici ce que Bernard Andrès écrit au sujet du grand homme de guerre et de son défenseur Claude Marc Bourget :
«Soldat, capitaine de vaisseau, explorateur, colonisateur, chevalier de Saint-Louis, aventurier, corsaire et trafiquant, le plus célèbre fils de la Nouvelle-France», «le Jean Bart canadien», le «chevalier des mers», le vaillant héros d’une «épopée canadienne», «the first great Canadian» : autant d’épithètes flatteuses pour désigner Pierre Le Moyne d’Iberville. Mais ce personnage auquel on a déjà consacré une quinzaine de biographies et de notices historiques n’a pas fait seulement l’objet de propos dithyrambiques et d’énoncés frôlant l’hagiographie. Même les travaux les plus favorables au «Cid canadien» évoquent chez lui des traits plus obscurs, comme son aventure avec la jeune Picoté de Belestre qu’il a engrossée puis abandonnée (tout en veillant aux soins de l’enfant). On souligne aussi la «sauvagerie» de ses campagnes militaires, ses ambitions commerciales et ses profits frauduleux.
De telles contradictions ne doivent pas étonner : elles sont le propre de tout être d’envergure dont le biographe, comme l’historien, doivent retracer le parcours en contexte. Seul ce souci du contexte historique, culturel et politique permet d’éviter l’hagiographie comme la charge et, surtout, l’anachronisme. Claude Marc Bourget l’a bien montré dans l’étude la plus récente parue sur le sujet. S’exprimant dans Égards «Revue de la résistance conservatrice», Bourget trouve les accents de Léon Bloy pour dénoncer le «désossement de l’histoire» auquel se livreraient les vulgarisateurs. S’en prenant aux «inepties» de ces derniers à propos de la violence et de la cupidité présumées de d’Iberville, Bourget rétablit les faits en contextualisant les lois de la guerre en Nouvelle-France, ainsi que le système de financement et d’armement des vaisseaux au temps d’Iberville. Abstraction faite du ton pamphlétaire adopté par Bourget, on ne peut qu’apprécier sa connaissance de l’archive et de l’époque. Il nous rappelle qu’on n’aborde pas un personnage d’ancien régime comme une vedette ou un homme politique contemporains**.
BONNE LECTURE ET JOYEUX NOËL À TOUS !
Jean Renaud
* Guy Frégault, Iberville le conquérant, Montréal, Éditions Pascal, 1944.
** Bernard Andrès, « Pierre Le Moyne d’Iberville (1706-2006) : trois siècles à hue et à dia», Les Cahiers des dix, n° 60, 2006, p. 79-101 (Bernard Andrès, professeur de lettres à l’Université du Québec à Montréal, romancier et essayiste, dirige, aux Presses de l’Université Laval, la collection « L’archive littéraire au Québec ». Parmi ses nombreux ouvrages, mentionnons pour la seule année 2012 deux titres : Histoires littéraires des Canadiens au XVIIIe siècle et La guerre de 1812. Journal de Jacques Viger).
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