Chroniques du Bas-Empire européen XIII. L’administration Hollande ou la République contre la France
Mise en ligne de La rédaction, le 21 avril 2013.
par Matthieu Lenoir
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 39 / PRINTEMPS 2013 ]
Le président de la République française François Hollande aura bouclé la première de ses cinq années de mandat lorsque ces lignes paraîtront. Plusieurs grandes tendances se dégagent déjà de l’action politique qu’il a impulsée, quoique souvent brouillées par un discours ambigu sous des dehors véhéments, et contradictoire sous une apparente rationalité. Mais toujours avec un affichage: celui de faire table rase des actions de son prédécesseur et de «faire payer les riches». Et une méthode: masquer par des réformes de société l’absence de réformes de l’État en faillite.
Débâcle financière de l’État français
L’économie était et demeure le premier défi qu’il devait relever. La France dépasse les 90 % de ratio de dette publique sur son PIB, compte non tenu des engagements sur les retraites de ses innombrables fonctionnaires (5,3 millions). Cette année, elle sera le premier emprunteur mondial en euros avec un besoin de financement public de près de 200 milliards d’euros. Son taux de chômage croît de façon ininterrompue depuis quatre ans à plus de 10 % de la population active, malgré les campagnes de radiations massives entreprises par l’administration. Son déficit public ne pourra être réduit à 3 % du PIB en 2013 comme promis par le gouvernement français à l’Europe. La richesse nationale brute a décru de 2 % entre 2008 et 2012 malgré une hausse de plus de 2 % de sa population.
Sa fiscalité était déjà, à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, l’une des plus élevées d’Europe. La part de son industrie dans le PIB avait reculé de 5,2 points en dix ans à 9,3% en 2010 alors que la moyenne en zone euro était de 15,5 % soit une baisse limitée à 3,7 %. L’Allemagne affichait en 2010 une part de l’industrie à 18,7 % du PIB, soit le double de la France. Tous secteurs confondus, la part de marché de la France a diminué de 3,5 points au sein de la zone euro sur la même décennie, «le plus fort recul» des pays de la monnaie unique, selon l’institut COE-Rexecode.
La situation de surendettement public doit être rapprochée du taux de dépenses publiques sur le PIB, qui dépasse les 56 %. Or, entre la réduction des dépenses publiques, la monétisation des engagements de l’État et la hausse des prélèvements obligatoires, d’entrée la politique du président Hollande a été de privilégier ces derniers, dissimulant une hausse généralisée des impôts derrière une rhétorique égalitariste de lutte contre les «privilèges des riches». La politique de réduction des dépenses publiques lancée par son prédécesseur – non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite, prime à la productivité… – a été brutalement stoppée dans l’élan quasi-névrotique de négation de l’héritage de la «droite» honnie. Plus: le président-candidat avait promis l’embauche de 60 000 enseignants et une politique de petits emplois aidés dans le secteur public. Il semble tenir sa promesse.
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