Ne mergar: Éléments pour un torysme catholique
Mise en ligne de La rédaction, le 9 août 2013.
par Jean Renaud
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 40 / ÉTÉ 2013 ]
À Gary Caldwell, au maître attentif à la vérité des choses, à l’homme fier et libre qui nous a guidés et inspirés au long de ces dix années.
«Une théorie bien constituée est comme un homme vivant qui est appelé à se faire une place.»
Paul Claudel
Avec ce 40e numéro, la revue Égards complète sa dixième année. En cette occasion spéciale, je me permets de proposer à nos lecteurs un essai récapitulatif et synthétique, reflet fidèle, je l’espère, d’un projet politique, sinon métapolitique, partagé par les principaux collaborateurs de la revue, celui d’une défense et illustration de nos institutions traditionnelles et de l’esprit qui les sous-tend. Les pensées, les observations, les méditations constituant ce compendium conservateur sont essentiellement tirées d’articles publiés au cours des dix dernières années: elles furent choisies, revues, modifiées, rédigées, ordonnées par moi de façon à manifester l’unité d’une réflexion qui porte le poids d’un souci surtout politique, non toutefois sans prolongements théologiques, éthiques et même esthétiques, contredisant en cela l’aspiration scolaire de notre temps à isoler et à séparer.
Le sous-titre de cet article s’inspire d’une œuvre du philosophe Alain, Éléments d’une doctrine radicale (Paris, Gallimard, 1925). Alain a écrit le premier ouvrage théorique marquant (un petit livre au demeurant suggestif) sur une philosophie politique du parti de pouvoir de la Troisième République française, le Parti radical (auquel se compare un peu ce que sera plus tard le Parti Québécois première mouture). Par mon texte, j’ai voulu dégager de tout l’inessentiel une tradition politique opposée à ce radicalisme français (anticlérical, anticatholique, républicain, laïciste), mais qui est restée curieusement informulée chez nous, quoiqu’elle soit – ou du moins fût – la nôtre. Parler d’éléments, c’est évoquer les premiers principes de ce qui, en l’occurrence, s’appelle moins science, que doctrine, une doctrine qui s’est établie graduellement, sculptée par l’expérience, la raison pratique, les circonstances, la nature des choses, s’enrichissant et quelquefois s’appauvrissant des événements, des accidents, des ruptures que la mémoire ou l’oubli, l’attention ou la distraction, le temps en somme – qui détruit et restaure sans relâche –, apportent ou dérobent. Exprimer cette tradition à l’agonie, ne sera-ce pas en partie la sauver? En la rapprochant ici du chant, là du regret, et peut-être finalement du germe, cette agonisante mourra quand même, inévitablement, mais en conservant l’espérance, réfugiée en un petit nombre de cœurs vaillants et vigilants, de renaître meilleure et plus belle.
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