Document. Sommes-nous condamnés au progrès*?
Mise en ligne de La rédaction, le 9 août 2013.
par Richard Bastien
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 40 / ÉTÉ 2013 ]
Les victoires remportées ces derniers mois dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis et en France, par les groupes favorables au «mariage homosexuel» fragilisent sensiblement l’exercice de la liberté religieuse. Nombreux sont les signes de cette fragilisation d’une liberté qui, récemment encore, paraissait inattaquable. Il y a d’abord l’interdiction faite aux agences d’adoption catholiques du Royaume-Uni de refuser leurs services aux couples homosexuels, interdiction qui les a forcées à se saborder. . Plus près de nous, il y a la loi adoptée au printemps 2012 par la législature de l’Ontario obligeant toutes les écoles de cette province, y compris les écoles catholiques, à créer des «clubs d’alliance entre gais et hétérosexuels» (gay-straight alliance club), ce qui oblige les autorités scolaires catholiques à faire fi de l’enseignement de l’Église. Le Québec lui-même n’est pas en reste, où les pouvoirs publics s’évertuent à faire croire que la gêne éprouvée à la vue de marques d’affection entre homosexuels serait le fruit de vieux préjugés religieux.
Doit-on s’étonner alors qu’un prêtre de Kingston, l’abbé Raymond de Souza, ait affirmé dernièrement dans le National Post que plusieurs de ses frères dans le sacerdoce croient que «la perspective de se retrouver un jour en prison pour avoir défendu la foi n’apparaît plus comme improbable, mais comme une réalité plausible à laquelle il faut se préparer»?
Aux yeux de la gauche, ces bouleversements correspondent à la marche triomphante du progrès, une marche que rien ne saurait arrêter, sinon les noires machinations d’une arrière-garde conservatrice, réactionnaire, bigote, voire légèrement sénile. La question se pose donc de savoir si cette notion de progrès, que les médias et les élites universitaires ne cessent de nous asséner à coup de discours, d’articles et de livres, n’est pas une réalité inéluctable à laquelle nous devrions en bout de ligne nous résigner, faute de quoi nous nous retrouverons en marge de la grande épopée de la liberté humaine.
Pour répondre à la question, il faut distinguer entre l’idée de progrès et l’idéologie du progrès.
*Adaptation française d’une allocution prononcée au congrès annuel de Civitas, tenu à Vancouver du 3 au 5 mai 2013.
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