Égards

par Mark Wegierski

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 41 / AUTOMNE 2013 ]

George Grant

George Parkin Grant (1918-1988) est un oiseau rare : un philosophe canadien, conservateur et nationaliste. Pratiquement inconnu en dehors du Canada, George Grant ne doit pas être confondu avec l’écrivain conservateur américain du même nom. Les quatre mots choisis ci-dessus pour le décrire – conservateur, canadien, nationaliste, philosophe – et leurs diverses combinaisons seront au fondement de cet essai.

George Grant n’est pas un politicien partisan qui s’est
limité à étudier les remous quotidiens de la «politique politicienne»; c’est plutôt un philosophe politique qui a observé notre société d’un point de vue supérieur qu’on pourrait qualifier d’«historique-mondial». Même si Grant a voulu rejoindre un vaste public, son œuvre est beaucoup plus abstraite, voire abstruse, que les discours biaisés de la politique partisane.

George Grant n’est pas non plus un philosophe analytique (il préfère les vues panoramiques aux analyses minutieuses), ni un spécialiste des sciences politiques (du moins pas à la façon de certains esprits pompeux et pompiers), ni un étudiant en relations internationales; et certainement pas un théoricien de la gestion ou de l’administration. Authentique philosophe politique, Grant contredit la tendance actuelle
– malgré les diversions exotiques du postmodernisme – à l’analytique, aux modèles scientifiques, aux modélisations mathématiques des relations internationales et aux conceptions technocratiques. Grant ne s’intéresse pas aux microdissections conceptuelles de la politique et de la société, ni aux compilations statistiques, mais plutôt à la macropolitique, c’est-à-dire aux véritables vues d’ensemble. Il emploie des exemples historiques pour illustrer ses thèses, plutôt que de les analyser en eux-mêmes. Grant, indifférent aux analyses quantitatives d’évènements insignifiants, observe non pas comment mais pourquoi les évènements se produisent.
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