Égards

par Matthieu Lenoir

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 42 / HIVER 2013-2014 ]

Delacroix-La liberté...

La France paraît avoir atteint un point bas de son histoire. Voici bientôt deux ans que le socialiste François Hollande a été élu président, accompagné d’une majorité absolue en sa faveur à l’Assemblée nationale et au Sénat. La quasi-totalité des conseils régionaux sont acquis à la gauche, les deux tiers des conseils départementaux et la grande majorité des villes de plus de cent mille habitants. Toute-puissante au plan politique, la gauche française l’est aussi au plan médiatique, le service public de la radio et de la télévision étant largement imprégné de son idéologie égalitariste, multiculturaliste, laïciste et, surtout, étatiste.

Las! Une situation de toute-puissance oblige. Elle ne permet plus de se défausser de ses erreurs ou mensonges sur un bouc émissaire en situation d’empêcher le pouvoir de réaliser ses promesses. L’utopie se disloque au moment où elle se retrouve en position d’appliquer ses préceptes. Pour maintenir sa cohérence intellectuelle, elle doit à tout prix trouver un ennemi. Sentant venir son règne et donc le danger, François Hollande avait désigné, pendant sa campagne, «la finance» comme son «adversaire». Un terme suffisamment vague pour pouvoir être agité à tout instant, et qui au demeurant n’a pas empêché l’impétrant de recevoir le soutien actif des milliardaires de gauche.

Confronté à un effondrement inédit de sa popularité, le plus rapide et le plus profond de l’histoire des sondages, «moi-président», selon sa célèbre expression utilisée lors du dernier débat contre Nicolas Sarkozy, tente de ressortir de ses cartons l’épouvantail du racisme et de l’extrême droite. Il tente parallèlement de se poser en libérateur des opprimés et en grand législateur libertaire, en imposant contre une large partie de l’opinion le mariage homosexuel et en essayant de faire un pas de plus vers l’euthanasie.
(…)