Désarroi et espoir en France et au Québec

Mise en ligne de La rédaction, le 16 février 2014.

par Gary Caldwell

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 42 / HIVER 2013-2014 ]

Québec-France

La République française passe par une période difficile. L’écrivain Alexandre Jardin, dans une épître aux Québécois publiée par le Devoir le 20 novembre dernier et intitulée «En France, tout commence», parle même d’une république déchue:

«Qui ne constate que l’étatisme jacobin de droite […] et l’étatisme de gauche […] ont peu à peu dissous notre vieux pacte républicain, pulvérisé l’ultime crédit de la parole politique, assommé nos enfants de dettes publiques, anéanti les ressorts heureux de l’intégration, écrabouillé la vitalité de la société civile et, au final, sécrété un monstre: un Front national conquérant – ultime version absurde de l’étatisme tricolore.»

Et il poursuit:

«La vérité est que tous les systèmes ont besoin pour ne pas péricliter d’une adhésion minimale des peuples. Or chez nous c’est fini. Il ne subsiste plus dans mon pays encalminé de masse non critique pour soutenir l’ancien système né en 1945. Chacun le sent et… la nation tourneboulée, quand elle n’est pas excédée, attend je ne sais quel signal de rupture, en sachant que tout devra un jour être refaçonné.»

Il a l’espoir, cependant, que la situation puisse se redresser:

«Mais comme la vie a de la ressource, le meilleur est en train de se produire. Un peu partout se lèvent des gens qui cessent de se déposséder de leur propre pouvoir […]. Ces citoyens, ces élus locaux courageux, ont déjà commencé à gouverner le réel des gens à défaut de piloter l’État. Ils passent de la position de spectateur à celle d’acteur de leur territoire. Ils sortent de la croyance folle qui veut qu’il soit indispensable de tenir l’Élysée pour agir. La vitalité française est en train de revenir non par l’État – notre problème à nous – mais par tous pour tous. Du bas vers le haut. L’ancien schéma est hors service, ne serait-ce que parce qu’il n’y a plus de piastres à Paris.»

On rejoint ici la réalité québécoise: «il n’y a plus de piastres» à Québec! Un fonctionnaire (pas le ministre) vient d’annoncer aux municipalités du Québec que la remise partielle de la taxe de vente (TVQ), qui constitue une clause du pacte fiscal avec les municipalités, ne se fera pas en 2014, et que (une fois ce changement autorisé par l’Assemblée nationale!) nous, conseillers municipaux, devrons emprunter pour compenser ce manque budgétaire, quitte à faire voter si nécessaire des emprunts par référendum! L’État technocratique se prépare, dans sa déconfiture, à puiser par la voie municipale dans les poches des contribuables, sans même avoir l’approbation des élus à Québec. Les républicains français et nos républicains en attente se ressemblent!
(…)

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