Égards

Hans Küng, Peut-on encore sauver l’Église?, traduit de l’allemand par Éric Haeussler, Paris, Seuil, 2012.

par Paul-André Deschesnes

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 44 / ÉTÉ 2014 ]

En Europe et en Amérique du Nord, l’Église catholique est affectée par une crise historique sans précédent. Rien ne semble plus aller: effondrement de la pratique religieuse, diminution dramatique du nombre de prêtres, scandale de la pédophilie, fermeture et vente des lieux de culte, montée fulgurante de l’athéisme, popularité grandissante des sectes, de l’ésotérisme et des religions orientales.

Dans ce qui pourrait bien être son dernier livre, Hans Küng, malgré une très grave maladie dégénérative, prend la plume, se vide le cœur et lance un cri d’alarme: est-il trop tard pour sauver l’Église catholique romaine?

Pourquoi avoir écrit ce livre? Hans Küng nous informe dès le début que l’Église catholique vit des heures sombres, que l’esprit du concile Vatican II est resté au placard, et que les papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, en se consacrant à une restauration moyenâgeuse plutôt qu’à une nécessaire modernisation, ont failli à leur tâche; et l’on se retrouve aujourd’hui devant un cadavre ambulant.

Dans un premier temps, Hans Küng fait un rapide survol des grandes périodes de l’histoire de l’Église. À part les débuts de la chrétienté, c’est un tableau noir et terrifiant qui est brossé par l’auteur, dans les moindres détails: schismes, croisades, intrigues, guerres de religion, bûchers, papes et antipapes débauchés, sexuellement détraqués et souvent meurtriers, corrompus, frayant avec les pouvoirs politiques; des papes malades de la gangrène se servant de l’institution romaine comme bon leur semble. Cette description, illustrée par une multitude d’exemples, donne la nausée, car l’auteur ne présente qu’un côté de la médaille, occultant délibérément les actions bienfaisantes de l’Église.
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