Notes de lecture. Philippe Henne, Le vertige divin: la saga des stylites
Mise en ligne de La rédaction, le 5 mars 2015.
Philippe Henne, Le vertige divin : la saga des stylites, Paris, Cerf, 2014.
par Benoît Miller
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 46 / FÉVRIER-AVRIL HIVER 2015 ]
Outre la prière, la psalmodie, le combat théologique, le conseil politique, les guérisons miraculeuses et la harangue adressée aux moines et aux visiteurs, la vie du stylite (IVe-XIe siècle) consistait à se tenir debout sur la plateforme étroite d’une colonne, à subir les rigueurs du désert (Syrie, Palestine, Mésopotamie), à se nourrir seulement de pain insignifiant, à dormir d’ahan la nuit comme un oiseau, à souffrir sans secours un corps étique et meurtri, voire à prendre soin de la vermine se multipliant dans les plaies vives.
Sans condamner la gaieté moqueuse, qui trahit ce que l’oreille moderne ne veut entendre, le propos de Philippe Henne conduit le lecteur autre part : là où le zèle atteint la beauté héroïque. Par sa vie qui témoigne de la radicalité de l’Évangile, le stylite nous montre que ce n’est pas l’idéal qui est chrétien, mais l’impossible. Car s’il en est du disciple comme du Maître, comment peut-on vivre des promesses de l’azur divin sans passer par la souffrance et la mort? sans combattre la virulence du Tentateur? sans être consumé en l’Amour? Ce que professent la fixité et la mortification charnelles du stylite n’est pas un mépris du corps, ni une ambition surhumaine, mais la fête annoncée du corps glorieux.
[…]
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