Notes de lecture. Étienne Gilson, Dieu et la philosophie
Mise en ligne de La rédaction, le 11 juin 2015.
Étienne Gilson, Dieu et la philosophie , traduction des moines de Fontgombault, préface de Rémi Brague, Fontgombault, Petrus a Stella, 2013.
par Richard Bastien
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 47 / MAI-JUILLET 2015 ]
De 1937 à 1941, Étienne Gilson a publié trois ouvrages en anglais. Le plus célèbre est sans doute The Unity of Philosophical Experience (1937), qui a été suivi de Reason and Revelation in the Middle Ages (1938) et de God and Philosophy (1941). De ces trois classiques, qui proposent une conception originale de l’histoire de la philosophie occidentale, seul le dernier, dont il est ici question, a été traduit en français, et ce, pas moins de soixante-douze ans après sa parution en anglais. Le livre est constitué de quatre conférences données d’abord à l’Université de Toronto et, peu après, aux universités Harvard et de l’Indiana.
Gilson explique dans la préface qu’il souhaite mettre en lumière «la relation qui prévaut entre la notion que nous avons de Dieu et la démonstration de son existence». Sa méthode consiste «à extraire de l’histoire des philosophies du passé les données essentielles qui permettent de formuler correctement un problème philosophique, et à déterminer à la lumière de telles données sa solution correcte», ce qui signifie que l’on peut utiliser «l’histoire des philosophies comme une servante de la philosophie » (p. xix). L’ouvrage comporte quatre chapitres traitant successivement de la conception de Dieu dans les philosophies grecque, chrétienne, moderne et contemporaine.
Dieu dans la philosophie grecque : un premier principe intelligible
Chez les Grecs, les dieux sont «toutes les puissances vivantes et immortelles qui régissent la vie des hommes mortels» (p. 8). Plus précisément, un dieu grec est «pour chaque être vivant, tout autre être vivant dont il sait qu’il exerce la souveraineté sur sa propre vie» (p. 10). Dans l’univers religieux grec, il n’y a point de place pour le libre arbitre puisque «tout arrive aux hommes de l’extérieur, y compris leurs sentiments et leurs passions, leurs vertus et leurs vices» (p. 11).
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