Les conférences d’Égards. Le John Wayne de la Contre-révolution* (texte intégral)
Mise en ligne de La rédaction, le 19 septembre 2015.
par Patrick Dionne
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 48 / AOÛT-OCTOBRE 2015 ]
L’homme que vous entendrez ce soir a affronté à peu près tous les monstres métaphysiques de notre temps, qui sont ceux de tous les siècles, mais qui, aujourd’hui, paraissent un peu plus hideux, parce qu’ils sont devenus aimables. Il a chevauché l’immense désert moderne, souvent en solitaire, veillant, priant, résistant, luttant contre l’hydre nihiliste. Il a traversé les vieux royaumes occidentaux en ruine, authentique prospecteur et défenseur des architectures éternelles, à l’image de ses maîtres, Thomas d’Aquin, Bossuet, Joseph de Maistre, Charles Maurras, Joseph Ratzinger. Le nom de cet écrivain qui tient un éclair plutôt qu’une plume, une Winchester plutôt qu’un stylet, dont le verbe fouette et pacifie le cœur et l’esprit, tel un calvados édénique, ne figure dans aucun dictionnaire, encyclopédie, anthologie des lettres canadiennes-françaises ou québécoises. Ce John Wayne de la Contre-révolution a refusé il y a longtemps de lancer des épluchures aux pourceaux, de contenter une critique inculte et policière, de s’attabler avec les magnats de la conserve littéraire, les plumitifs ruisselants et les radoteurs syndiqués. Je devine dans quel abîme il tomberait, privé de Petrus, coincé entre une mégère burlesque comme Rafaële Germain, un «autolâtre» hystérique comme René-Daniel Dubois (le mot est de Gabriel Marcel) et une potiche comme Dany Laferrière… Il aime trop la vérité, il a un trop grand sens de l’honneur, il a une autre vocation. À une époque où toutes les démissions sont permises, encouragées, sanctifiées, quoi de plus rare qu’une intelligence qui invoque la belle et invincible espérance, bénit le mariage de la terre et du ciel, garde le phare, réarme la cité, élève une forteresse catholique, classique, romaine, de feu, de marbre, de lumière et de grâce?
Mesdames et messieurs, Jean Renaud.
* Le 18 juin 2015, à la Bibliothèque Albert-le-Grand à Montréal, furent célébrées un peu en avance les douze premières années de vie de la revue Égards. En cette occasion, Patrick Dionne a présenté l’orateur principal, Jean Renaud, tandis que ce dernier a traité le thème des «impasses du conservatisme».
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