Égards

par Matthieu Lenoir

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 49/NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 ]

Sans frontières

710000 immigrants sont entrés dans l’Union européenne de janvier à septembre 2015 selon les calculs minimalistes de Frontex, l’agence européenne chargée des 9400 km de frontières terrestres continentales. Ils avaient été 280000 pour toute l’année 2014. En octobre, 7000 arrivées de clandestins ou demandeurs d’asile étaient comptabilisées chaque jour par la seule Grèce. Selon un document gouvernemental publié par la presse allemande à la mi-octobre, l’Allemagne pourrait devoir «accueillir» le double des 800000 migrants annoncés comme possiblement assimilables cette année par la chancelière fédérale Angela Merkel, soit 1,5 million pour 81,2 millions d’habitants, soit encore un ratio annuel vertigineux de 1,84% l’an.

L’Europe, qui était soumise à une pression migratoire intense depuis des années, via principalement le Maroc, l’Algérie et la Libye, s’est retrouvée depuis l’offensive de la milice terroriste État islamique en Irak puis en Syrie, littéralement submergée via la Turquie par une vague jamais atteinte depuis 1945. À l’époque, c’étaient les populations germanophones d’Europe centrale et orientale, rejointes par celles des territoires allemands annexés et par les Allemands fuyant déjà la zone d’occupation soviétique, qui se précipitaient dans les camps aménagés par les Alliés occidentaux dans ce qui allait devenir en 1949 la République fédérale d’Allemagne. Aujourd’hui, ce sont officiellement les populations terrorisées par la tyrannie criminelle des psychopathes de l’État islamique qui se ruent vers l’Europe. En fait, la crise syro-irakienne aura servi de levier à l’amorce d’un flux bien plus puissant vers l’Europe, une immigration de masse provenant de tout l’arc musulman, de l’Afrique noire au Pakistan. L’arc qui cumule à lui seul la plupart des conflits internationaux ou civils de la planète.
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