Document. Ce que j’ai vu au Synode sur la famille (texte intégral)
Mise en ligne de La rédaction, le 19 décembre 2015.
par Georges Buscemi
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 49/NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 ]
Le président de Campagne Québec-Vie, Georges Buscemi, a été un observateur actif du deuxième Synode sur la famille, qui s’est déroulé à Rome du 4 au 25 octobre 2015 sur le thème suivant: «La vocation et la mission de la famille dans l’Église et le monde contemporain». Il a bien voulu nous relater son expérience.
Comment résumer ces semaines passées à Rome au sein de l’équipe de Voice of the Family (Voix de la famille), ce groupe de vingt-six organismes pro-vie et pro-famille ayant pour but de surveiller et d’influencer de façon positive le Synode de la famille de 2014 et celui de 2015, récemment conclu?
Pendant mon séjour à Rome, je passai le plus clair de mon temps dans une salle de réunion de l’hôtel Columbus, à deux pas de la basilique Saint-Pierre. J’étais entre autres chargé d’écrire des articles pour le blogue Voix de la famille (http://www.voiceofthefamily.info), de lire les rapports de discussions des petits groupes de travail francophones du Synode, et d’assister aux conférences de presse à la Sala Stampa (salle de presse) du Vatican. J’ai aussi collaboré avec le site de nouvelles pro-vie LifeSiteNews (co-fondateur de Voix de la Famille, avec la Society for the Protection of Unborn Children de la Grande-Bretagne) à leurs comptes rendus des événements du Synode.
Le combat du dernier Synode fut difficile: le document final issu des délibérations des évêques, bien qu’il représente une très grande amélioration par rapport au brouillon sur lequel les pères synodaux ont basé leur travail (document nommé instrumentum laboris, fourni par le secrétariat du synode), il reste néanmoins plusieurs points très problématiques.
À la clôture du Synode ordinaire sur la famille cette année, Voix de la famille a fait appel au pape: «Saint Père, assez, c’est assez». John Smeaton, co-fondateur de Voix de la famille et directeur général de la Société pour la protection des enfants à naître ou SPUC (www.spuc.org.uk) au Royaume-Uni, a rédigé cet appel dont je ne cite ici que la conclusion (traduction de CQV):
«Au nom de la conscience, les organisateurs du Synode et les Pères dirigeants du Synode ont semblé vouloir abolir la notion du mal intrinsèque, c’est-à-dire le péché, en matière de contraception, cohabitation, homosexualité et d’autres sujets fondamentaux. Comment les parents peuvent-ils espérer enseigner à leurs enfants la vérité et le sens de la sexualité humaine et la sainteté de la vie humaine quand la notion du mal intrinsèque est abolie? Certains Pères et organisateurs du Synode parlent le langage de l’International Planned Parenthood Federation (IPPF), et n’agissent pas comme pasteurs des laïcs.
Seul le pape peut restaurer la confiance entre les laïcs catholiques et les autorités de l’Église à Rome. La confusion sur les sujets doctrinaux fondamentaux, qui a régné durant le Synode sur la famille, sert seulement à aider les puissantes entités internationales opposées à la famille et au caractère sacré de la vie humaine. Saint-Père, assez c’est assez.»
Tout n’était pas sombre dans ce Synode. Loin de là! Outre les interventions limpides de plusieurs évêques (nommons le cardinal Robert Sarah, sa béatitude Sviatoslav Shevchuk, primat de l’Église grecque-catholique ukrainienne, les archevêques polonais Stanislaw Gadecki et Henryk Hoser, l’archevêque Tomash Peta d’Astana, l’archevêque Fülöp Kocsis, parmi plusieurs autres), une intervention a été particulièrement notable, celle d’une laïque, médecin de Roumanie, Anca-Maria Cernea. Voici un extrait de son intervention lumineuse auprès des pères synodaux (traduction de Jeanne Smits):
«Nous, en tant que médecins catholiques qui défendons la vie et la famille, nous voyons que tout ceci est avant tout une bataille spirituelle.
La pauvreté matérielle et le consumérisme ne sont pas la première cause de la crise de la famille. La première cause de la révolution sexuelle et culturelle est idéologique. Notre-Dame de Fatima a dit que les erreurs de la Russie se répandraient à travers le monde entier. Cela s’est fait d’abord sous une forme violente, le marxisme classique, qui a tué des dizaines de millions de personnes.
Aujourd’hui cela se fait la plupart du temps à travers le marxisme culturel. Il y a continuité entre la révolution sexuelle de Lénine, à travers Gramsci et l’École de Francfort, et l’idéologie contemporaine des droits gay et du genre.
Le marxisme classique avait la prétention de redessiner la société, par le biais de la spoliation violente de la propriété. Aujourd’hui la Révolution va plus profond; elle prétend redéfinir la famille, l’identité sexuelle et la nature humaine.
Cette idéologie se qualifie elle-même de progressiste. Mais elle n’est rien d’autre que la vieille proposition du serpent, pour que l’homme prenne le contrôle, que Dieu soit remplacé, que la rédemption soit organisée ici-bas, dans ce monde.
C’est une erreur de nature religieuse, c’est la gnose.»
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