Notes de lecture. Philippe Labrecque, Comprendre le conservatisme en quatorze entretiens

Mise en ligne de La rédaction, le 16 août 2016.

Philippe Labrecque, Comprendre le conservatisme en quatorze entretiens, Montréal, Liber, 2016.

par Gary Caldwell

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 51/JUIN-SEPTEMBRE 2016 ]

Comprendre le conservatisme

D’abord il faut féliciter ce jeune auteur. Il a mené à son terme un projet ambitieux: celui d’interviewer quatorze penseurs de cinq pays (le Canada, les États-Unis, l’Angleterre, la Suisse et la France) au sujet du conservatisme. Un tel projet a été réalisé en moins de deux ans! Il lui en a fallu de l’énergie et de la détermination pour y parvenir, d’autant plus que ce père de famille devait gagner sa vie en tant qu’analyste en développement des affaires. Au cœur de ces entretiens: les enjeux de la modernité et le destin de la civilisation occidentale.

Son introduction vaut d’être citée :

«[…] il semble que le processus [de la modernité] ait acquis une autonomie telle qu’il emporte avec lui tout ce qui se présente sur son passage, coupant des liens, renversant les ordres anciens mais judicieux, asservissant la pensée à ces propres principes, tout cela à répétition, sans que pourtant ni l’action ni la réflexion tentent sérieusement de le brider – sinon en s’adaptant à lui. J’ai voulu savoir si la perspective conservatrice échappait à ce renforcement de l’hybris moderne et pouvait constituer une réponse aux questionnements et aux inquiétudes que notre époque fait naître (p. 9).»

Notre auteur, qui n’est pas sot, sait de quoi il parle. Il définit de prime abord le conservatisme:

«[…] le conservatisme est caractérisé par une sensibilité pragmatique, contre-révolutionnaire et respectueuse d’une nature humaine considérée comme permanente, sensibilité soutenue par la reconnaissance des libertés individuelles mais aussi des responsabilités qui les accompagnent dans le devoir de préserver la communauté. Faisant preuve de réalisme politique, il est sensible à la tradition et aux institutions, et rejette les excès aussi bien que la spirale parfois destructrice du changement planifié (p. 10).»

Ainsi notre jeune analyste est un conservateur, corps et âme, dans le meilleur sens du terme. Son objectif n’est pas de définir le conservatisme (il s’en charge dans son introduction) mais de voir comment il s’articule chez quatorze penseurs contemporains (tous de tendance conservatrice) dans cinq sociétés contemporaines. Ce qu’il fait. Ce qu’il ne fait pas, c’est de soumettre ces portraits à une analyse critique, tel qu’annoncé : il manque une conclusion! Nous devrons donc conclure nous-mêmes, après lecture. À moins que ses questions, élaborées à la lumière de sa connaissance des écrits des auteurs interrogés, ne constituent cette analyse. Un autre aspect, qui est pertinent à mon avis – quoique, il faut le souligner, il ne fasse pas explicitement partie de ses objectifs –, est de savoir jusqu’à quel point les réflexions recueillies s’appliquent au Québec contemporain. Stimulé par la lecture de son livre, nous nous aventurerons à répondre à cette question.
(…)

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