Égards

Christian et Pierre Pahlavi, Le Marécage des ayatollahs. Une Histoire de la Révolution iranienne, Paris, Perrin, 2015.

par Michel Gabriel Léon

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 52/NOVEMBRE 2016-JANVIER 2017 ]

Le Marécage des ayatollahs

Révolution : ce substantif désignant depuis le XVIIe siècle un changement brusque de réalité est très positivement connoté depuis. Dans l’esprit scientiste, progressiste, évolutionniste, tout bouleversement politique de l’ordre ancien, toute rupture avec l’héritage constitue un pas de plus vers l’émancipation, entendre la déification de l’homme par extraction de son originelle nature créée. Or dans les faits, les révolutions politiques, si elles balaient des ordres apparemment obsolètes, probablement affaiblis par leur inadaptation aux évolutions internes ou contestés de l’extérieur, se traduisent par une régression mentale massive sous couvert de pureté, une explosion chaotique et criminelle, un état d’ébullition projetant aux sommets du pouvoir les activistes aux personnalités psychiquement malades. La pathologie mentale des sociétés s’inscrit dans, et s’exprime par, la pathologie mentale des personnes. Ainsi ces «révolutions» nomment-elles en fait des états de soudaines «involutions» pour reprendre le terme porté par notre regretté Maurice G. Dantec.

La « révolution » islamique iranienne incarne parfaitement ce décrochage chaotique, sanglant, psychotique de toute une société, attisé sinon fomenté par l’orgueil aveugle des puissances du temps. Le travail historique remarquablement documenté, subtil, équilibré que nous livrent Pierre et Christian Pahlavi sous le titre Le Marécage des ayatollahs. Une Histoire de la révolution iranienne prend place parmi les ouvrages de référence sur ce basculement tragique nourri de trahisons, de mensonges, de fantasmes millénaristes, de meurtres et d’assassinats de masse.
(…)