Notes de lecture. Alexandre Soljénitsyne, Ma collection littéraire. Notes sur la littérature russe, tome I
Mise en ligne de La rédaction, le 27 mars 2017.
Alexandre Soljénitsyne, Ma collection littéraire. Notes sur la littérature russe, tome I, traduit du russe et annoté par Lucile et Georges Nivat, avant-propos de Georges Nivat, Paris, Fayard, 2015.
par André Désilets
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 53/FÉVRIER-AVRIL 2017]
À l’instar de Cioran ou du curé de Nazareth, Émile Shoufani, j’aime les grands Russes : les Pouchkine, Gogol, Dostoïevski, Leontiev, Soloviev, Chestov, Berdiaeff, Pasternak, Evdokimov et, bien entendu, Alexandre Soljénitsyne, pour ne citer que des noms plus connus en Occident, des noms qui m’ont permis un approfondissement décisif, un raccordement aux aventuriers du spirituel, ces précieux intercesseurs entre les traditions d’ici et d’ailleurs.
Avec la publication de ses notes sur la littérature russe, Alexandre Soljénitsyne revisite, dans ce premier tome, des œuvres de Mikhaïl Iourievitch Lermontov (1814-1841), Alexeï Konstantinovitch Tolstoï (1817-1875), Anton Pavlovitch Tchekhov (1860-1904), Andreï Biély (1880-1934), Iouri Tynianov (1894-1943), Pantéleïmon Romanov (1885-1938), Mikhaïl Boulgakov (1891-1940), Iouri Naguibine (1920-1994), Guéorgui Vladimov (1931-2003). Et ce, avec l’esprit qu’on lui connaît, le pire étant à ses yeux «la tiédeur, la mollesse». Au fond, Soljénitsyne, comme Léon Chestov, ne vise pas à une fausse objectivité. «Je suis non objectif, déclare-t-il, et j’en suis fier». Retenons, avec Georges Nivat, que «la logique n’est pas ici l’ingrédient principal». Dans une brève «Explication», le maître lui-même précise:
«Ces notes ne sont en rien des recensions critiques au sens habituel du mot […]. Chacun de ces essais représente ma tentative d’entrer en contact spirituel avec l’auteur choisi, de pénétrer son dessein comme s’il comparaissait là, devant moi-même – et, dans une conversation mentale avec lui, de chercher à deviner ce qu’il avait pu éprouver au cours de son travail, et apprécier jusqu’à quel point il avait réussi dans son entreprise (p. 15).»
D’où le plaisir que le lecteur pourra avoir à suivre l’auteur de L’Archipel du Goulag «dans ses lectures admiratives ou bougonnes», des lectures détaillées certes, mais inégales entre son «Lermontov» par exemple et son «Immersion dans Tchekhov» où il examine tour à tour une trentaine de récits aussi passionnants les uns que les autres, des récits qui évoquent avec force et profondeur des phénomènes étranges, énigmatiques, mystérieux, dans la vie des hommes.
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