Égards

par Paul-André Deschesnes

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 54/JUIN-AOÛT 2017]

Nous sommes en plein carême 2017. Au Québec, dans un magazine publié par un important sanctuaire catholique (numéro d’avril 2017), un prêtre écrit: «La réincarnation n’est pas ma foi, puisque je suis chrétien. J’ai cependant un profond respect pour les adeptes de la réincarnation. Je ne dis pas que c’est un mensonge, mais je dis plutôt que c’est une recherche sincère… Après la vie, est-ce que tout est terminé»?

Ce sanctuaire catholique, dans son numéro de juillet-août 2016, nous informait qu’il est maintenant possible de suivre des cours de yoga sur place, car cette pratique très populaire serait une belle expérience spirituelle pour la paix de notre âme.

Le 12 mars 2017, j’ai regardé à la télévision de Radio-Canada l’émission Second Regard. L’animateur nous a fait visiter le Monastère des Augustines à Québec. Ce vieux bâtiment historique est désormais classé patrimonial par le gouvernement. Il n’y reste que douze religieuses âgées et il y a peu de relève. La mère supérieure a annoncé devant la caméra que ce monastère est devenu un important «centre de yoga et de taï-chi» géré par un organisme privé. Elle a justifié cela en disant que « chacun a son Dieu », que «le monastère a pris un virage moderne», que «chacun vit sa spiritualité comme il l’entend» et que «cet endroit est devenu un important centre de ressourcement spirituel au Québec», très apprécié de la population. Elle a même ajouté que ces cours et séances de méditation donnaient beaucoup d’énergie aux clients et visiteurs. Elle n’a pas précisé si les religieuses faisaient partie de la clientèle régulière.

En Occident et au Québec en particulier, une grande partie du clergé ne pense qu’à plaire au bon peuple. On n’osera jamais dire que la réincarnation est un mensonge et que le yoga est l’œuvre du diable. Je connais plusieurs personnes qui sont des adeptes de ces doctrines et de ces pratiques ésotériques: ces philosophies à saveur orientale les ensorcellent. Ils ne sont plus «en recherche», comme on le répète si souvent pour noyer le poisson. Non! Ils me disent ouvertement qu’ils ont enfin trouvé la vérité et que c’est moi qui fais fausse route.

Que faut-il penser de tout cela ? J’ai relu dernièrement un livre de Dave Hunt, La mort d’un guru (Farel, 1983). L’auteur nous raconte son cheminement: passionné par les religions orientales, il était devenu un grand guru de la réincarnation, de la méditation et du yoga. Il formait de nombreux disciples qui tombaient aveuglément dans le panneau de ces philosophies. Il nous raconte en détail sa conversion au Christ, sa stupéfiante découverte de la vraie méditation chrétienne et son rejet définitif du yoga comme thérapie miracle à la mode.

Dans son livre, Dave Hunt nous met en garde contre toutes ces formes de méditations qui «nous transportent dans des états supérieurs de conscience» afin de faire réaliser à l’homme qu’il est uni au cosmos. « C’est la porte d’entrée vers le néant, appelé aussi nirvana. Elle conduit la personne à se livrer aux forces mystiques et cosmiques».

Quant au yoga, l’auteur nous dit très clairement que toutes ces techniques ont un seul but: «l’union à l’Absolu pour atteindre un état extatique où l’esprit réalise la fusion avec Brahman, la seule réalité. Le yoga ne peut jamais être séparé de sa philosophie».

En ces temps de grandes confusions religieuses, il faut faire preuve de discernement. Toute cette quincaillerie méditative présentée sur la place publique et enseignée dans des lieux catholiques et très fréquentés, va à l’encontre de l’enseignement officiel de l’Église qui n’approuve ni le yoga, ni la réincarnation, ni aucune de ces pirouettes initiatiques.

Si vous voulez avoir l’heure juste, ouvrez le Catéchisme de l’Église catholique à la page 653, au mot « Méditation ». Vous y trouverez neuf références (articles 28, 197, 1154, 1162, 2186, 2588, 2699, 2705 sq. et 2729) qui permettent de mieux comprendre les fausses doctrines qui courent les rues et même certains lieux de culte.

La découverte de l’Absolu se retrouve dans la véritable méditation chrétienne; ce n’est pas dans le yoga ni dans «la pleine conscience» que l’on fera cette belle découverte. Il faut plutôt s’en remettre à la Parole de Dieu, aux psaumes, à l’adoration devant le Saint-Sacrement, aux grands silences devant la Présence réelle, au rosaire, au dialogue avec le Seigneur, à la prière, à la vénération des saintes icônes, à la lecture des textes liturgiques, des Pères spirituels, des ouvrages de spiritualité et des vies de saints. Voilà, selon l’enseignement de l’Église, la voie à suivre pour faire une véritable méditation chrétienne. C’est là que notre âme trouvera le repos et la paix.

Comment expliquer que des sanctuaires catholiques proposent de pareilles dévotions, qui frisent l’hérésie et le syncrétisme? Tout simplement pour être à la mode et pour plaire au bon peuple qui se nourrit quotidiennement de superstitions. De plus, ces pratiques attirent une clientèle et, pour le formuler sans détour, elles permettent à certaines institutions religieuses d’assainir leurs finances.

Nous vivons dans un monde où la confusion règne en maître. Il n’y a plus de Vérité immuable. Il faut faire plaisir à tout le monde, même dans les lieux de culte catholique. Il faut se donner une image très moderne pour plaire à la foule. J’espère qu’on ne viendra pas encore me dire qu’on fait tout cela dans l’esprit du Concile Vatican II.

Ceux et celles qui dénoncent ces confusions et ces fausses doctrines sont étiquetés de moyenâgeux et de catholiques de droite qui n’ont pas évolué. Personnellement, j’accepte cette étiquette, car je refuse de suivre la foule en délire qui a vendu son âme.

Lors de son passage sur la terre, le Christ n’a jamais cherché à être populaire, ni à plaire à la foule. On l’a crucifié! Lui et ses apôtres ont continuellement ramé à contre-courant en annonçant courageusement la sainte doctrine et en dénonçant les faux prophètes et les hérésies. En Occident et au Québec en particulier, nos pasteurs montrent-ils le même courage?

Le yoga, la réincarnation, la méditation transcendantale? Non, merci! Ces acrobaties spirituelles très à la mode sont des pièges habilement tendus par le Malin. Malheureusement, de nombreux catholiques y succombent allègrement, car ils préfèrent suivre le monde en délire plutôt que l’enseignement du Catéchisme, du Pape, du Magistère et de la Sainte Bible.