Un monde parodisiaque V
Mise en ligne de La rédaction, le 21 janvier 2011.
par Christian Monnin
[ EXTRAITS DU NUMÉRO 30 / HIVER 2010-2011 ]
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Pour une école de contact
L’école ressemble chaque jour davantage à un standard téléphonique désaffecté : tout le monde décroche et il y a de plus en plus d’abonnés absents. C’est le cas de près d’un tiers des élèves du secondaire et d’une part croissante de leurs enseignants, surtout parmi les plus jeunes. Ils seraient de 17 à 40 % à rendre leur tablier selon les commissions scolaires, d’après une doctorante de l’Université de Sherbrooke. C’est qu’ils souffrent d’un déficit du « sentiment d’efficacité personnelle », ce qui, au premier abord, semble bien compréhensible. Cependant, précise la chercheuse, leurs compétences ne sont pas en cause, pas plus que les méthodes absurdes qui leur sont fournies craie en main. Non, les enseignants manquent d’amour, de compréhension et de soutien. Ainsi, les parents d’élèves et les collègues jouent un rôle prépondérant dans le développement de ce crucial « sentiment d’efficacité personnelle » : les premiers, en ne prenant pas contre tout bon sens le parti de leurs rejetons, éviteront de lui renvoyer « l’image qu’il est incompétent » ; les seconds, « en soulignant les bons coups d’un enseignant, renforceront chez lui l’idée qu’il est compétent dans ce qu’il fait. Quand ils lui disent de ne pas se décourager parce que sa classe est difficile, cela le rassurera. Il faut donc sensibiliser les parents et les collègues à l’importance qu’ils jouent [sic] dans l’intégration des enseignants débutants. » « On a investi beaucoup dans la formation, résume la doctorante, il faut maintenant investir dans l’insertion ». Peu importe que les enseignants ne maîtrisent plus leur discipline, à laquelle ils ne s’intéressent plus guère, devenus exclusivement avides de recettes pédagogiques, convaincus que le comment peut suppléer au quoi. Nulle part, du moins dans l’article du Devoir qui rend compte de cette recherche, il n’est fait mention d’une hiérarchie, qui pourrait s’interposer entre parents et enseignants et « souligner les bons coups », tout en évitant d’envoyer les néophytes au casse-pipe des classes les plus difficiles : ce n’est donc pas seulement aux enseignants qu’il manque une colonne vertébrale (comme à la plupart des adultes d’aujourd’hui), un savoir et un sens des responsabilités qui leur permettaient de se tenir debout sans mendier l’affection, c’est à l’institution qu’il manque une direction. Il faut de toute urgence freiner l’abcès à l’éducation.
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