Le siècle, les hommes, les idées. Vous avez dit «conservateur»? L’a priori d’un mouvement politique

Mise en ligne de La rédaction, le 22 octobre 2020.

par Richard Décarie

[EXTRAITS DU NUMÉRO 61/AUTOMNE 2020-HIVER 2021]

Edmund Burke (1729-1797)

La famille, qu’elle soit nucléaire ou élargie, a toujours été considérée comme l’institution fondamentale de la cité. Un gouvernement véritablement conservateur devrait donc chercher à renforcer et à défendre cette institution ancrée dans la nature des choses. Malheureusement, le fait que le Parti conservateur du Canada (PCC) ait modifié en 2016 la définition traditionnelle du mariage, socle de la famille traditionnelle, pour inclure indistinctement tous les genres d’union civile, l’a rendu inapte à défendre cette institution fondamentale.

À ce refus de défendre une valeur conservatrice essentielle s’est ajoutée une volonté déclarée de la part des «progressistes conservateurs» (Red Tory) d’exclure les «sociaux conservateurs» du parti. C’est pourquoi des organisateurs de tendance sociale-conservatrice m’ont approché pour que je soumette ma candidature à la chefferie du PCC. Il fallait un candidat social-conservateur – je préfère l’étiquette «conservateur traditionnel» – bilingue et idéalement Québécois pour tenir tête au politiquement aguerri Jean Charest, ainsi qu’aux autres principaux progressistes-conservateurs pressentis (Peter MacKay, Erin O’Toole, Pierre Poilièvre, Marilyn Gladu). J’ai donc lancé ma campagne en janvier 2020. L’état de délabrement de ce parti, que j’ai contribué à fonder avec Stephen Harper en 2003-2005, m’a tout de suite frappé par un premier constat: le bilinguisme n’était pas exigé chez les candidats à la chefferie.

Ce seul critère, s’il avait été appliqué, aurait assuré de limiter le nombre de candidatures pour le plus grand bien de la campagne. Bien que bénéficiant d’une certaine notoriété publique au Québec et d’un indéniable bagage d’expérience politique sur la scène fédérale, j’étais peu connu auprès des anglophones du RoC (Rest of Canada). Le 22 janvier, après des entrevues avec des médias écrits (la Presse canadienne, le National Post et le Globe and Mail), j’ai accordé une entrevue en anglais à l’émission Power Play à la chaîne CTV Networks, animée par Evan Solomon.
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