Le populisme européen ou la trahison des élites

Mise en ligne de La rédaction, le 3 novembre 2011.

par Matthieu Lenoir

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 33 / AUTOMNE 2011 ]

Geert Wilders

L’empire des mots vient d’imposer un nouvel oukase. Pour désigner le résultat des dégâts qu’il a lui-même causés, il a sécrété le terme « populisme », mis au goût du jour. Ce « populisme » serait à la fois l’expression de la déréliction narcissique d’un peuple idiot obscurci par son ombre, et la conséquence de la perversion des foules induites, au choix, par la bête immonde, la cléricature obscurantiste ou le grand capital. Il est souvent classé « à l’extrême droite », plus rarement « à gauche ». Il n’incarne en fait, avec toutes ses contradictions, qu’une représentation hétérodoxe de l’identité face au mondialisme et au mythe égalitariste du « peuple unique » ou de la « société unique ».

Malgré l’abrutissement médiatique, les torsions imposées par les modes de scrutin et l’imposture montante de la « démocratie sociale », les élections demeurent un précieux indicateur de l’opinion. Au cours des dernières années, les résultats électoraux en Europe occidentale ont traduit un sourd, lent, mais puissant courant de contestation de la vulgate relativiste, égalitariste et mondialiste. Chaque fois, ils mettent en cause cette idéologie totalitaire qui affiche sa moraline sirupeuse et compassionnelle pour mieux dissimuler les stratégies matérialistes et cupides du nominalisme technomarchand.

La course est engagée entre des peuples indigènes aux cultures relativement stabilisées depuis plusieurs siècles, jaloux de leur identité, et une élite manipulant les flux migratoires à des fins ethnoculturelles occultes – la création d’un peuple unique – et dévaluant désormais le suffrage universel pour mieux en étouffer les signes.

Le bilan électoral est néanmoins édifiant. Dans le pays européen doté du système de participation populaire le plus fidèle et de la subsidiarité la plus accomplie, la Confédération helvétique, l’Union démocratique du centre (Schweizerische Volkspartei dans les cantons alémaniques), s’est imposée comme le premier parti fédéral. Aux élections de 2007, elle a obtenu 28,9 % des suffrages exprimés, près de dix points de plus que le parti socialiste (19,5 %), 13 points de plus que les libéraux et 14 de plus que les démocrates-chrétiens.
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