DÉBATS ET POLÉMIQUES – Le Diable de Saint-Hyacinthe : autour de T.-D. Bouchard
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]
PAR JEAN GOULD
C’est une manie en ce pays de tout expliquer par la religion.
Jacques Ferron
T.-D. Bouchard, le diable de Saint-Hyacinthe* est la biographie d’un homme politique hors norme, qui eut, dans la première moitié du XXe siècle, la réputation d’être un rouge, ce qui avait été synonyme au XIXe siècle d’un libéralisme « avancé », c’est-à-dire anticlérical, voire athée. Héritier d’un fonds de commerce idéologique du milieu du XIXe siècle, celui des rouges nourris du républicanisme européen qui se sont illustrés dans le combat entre l’Institut canadien de Montréal et Mgr Ignace Bourget, et dans leur opposition à la Confédération, Télesphore-Damien Bouchard s’est valu par sa plume une réputation sulfureuse. Les conservateurs cléricaux en étaient venus à croire que le Diable lui-même avait logé une partie des enfers à Saint-Hyacinthe, ce charmant bourg agricole devenu par la suite banlieue de Montréal. L’auteur, Frank M. Guttman, est un historien amateur montréalais, ce qui est devenu fort rare aujourd’hui, et médecin-chirurgien de formation suisse, ayant été victime du numerus clausus pour les Juifs qui avait cours, jusque dans les années 1950, à la Faculté de médecine de l’université McGill. Il a pratiqué dix-sept ans à l’Hôpital Sainte-Justine, puis à McGill. Cette biographie, traduite de l’anglais et issue d’un mémoire de maîtrise, ne serait qu’une œuvre parmi d’autres, si l’auteur ne cherchait à réhabiliter le Canada Français, souvent perçu comme clérical, intolérant et xénophobe par les Québécois et Canadiens de langue anglaise. (…)
* Frank M. Guttman, T.-D. Bouchard, le diable de Saint-Hyacinthe, Montréal, Hurtubise, 2013.