Sur les abus sexuels dans l’Église
Mise en ligne de La rédaction, le 26 juin 2022.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 64/PRINTEMPS-ÉTÉ 2022]
PAR ÉDOUARD DIVRY, O.P.
Le 5 octobre 2021, la Commission indépendante des abus sexuels dans l’Église (CIASE) publiait des chiffres élevés qui ont fait la une des journaux : 216 000 abus (l’écart-type étant non spécifié) auraient été commis par le clergé français entre 1950-2020. Les chiffres ont été obtenus par statistiques (Ifop, Inserm) sur un lot de 28 000 personnes, mais dont le choix demeure opaque pour certains spécialistes*. Quant aux laïcs en situation d’autorité dans l’Église catholique en France, ils auraient commis une part non négligeable des abus: 115 000 (écart-type non spécifié)!
L’Église en chacun de ses membres est appelée à réagir et d’abord à prier, et à implorer le pardon pour un mal moral perpétré au détriment de ces petits qu’évoque nommément le Seigneur lui-même: «Il est impossible que les scandales n’arrivent pas, mais malheur à celui par qui ils arrivent! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits» (Lc 17, 1-2). La Parole de Dieu s’avère d’une clarté intransigeante. Comment a-t-on pu l’oublier?
S’il convient naturellement de resserrer les exigences du droit canonique, que faire de plus au niveau individuel? Pour celui qui aime l’Église, c’est la conversion des cœurs pour laquelle il faut prier et non d’abord un changement de structure. Car si l’on met, par exemple, des laïcs en position d’autorité à la place des prêtres, on risque seulement, sans conversion, d’inverser les proportions, proportions qui, malgré des chiffres peut-être trop élevés, peuvent correspondre à la réalité : 2/3 de laïcs abuseurs, 1/3 de prêtres pédocriminels! (…)