NOTES DE LECTURE – JONATHAN ROBINSON et al., Remembering Father Robinson. Essays on his Life and Spirituality

Mise en ligne de La rédaction, le 26 juin 2022.

[EXTRAITS DU NUMÉRO 64/PRINTEMPS-ÉTÉ 2022]

JONATHAN ROBINSON et al., Remembering Father Robinson. Essays on his Life and Spirituality, Ottawa, Justin Press, 2020.

PAR LUC GAGNON

Le Père Jonathan Robinson (1929-2020) n’est malheureusement pas très connu au Québec ni dans la francophonie. Il est pourtant né à Montréal au sein de la grande bourgeoisie anglo-canadienne de Westmount, dans une famille également bien enracinée dans les Cantons de l’Est depuis son exil loyaliste au XVIIIe siècle (à la suite de la Révolution américaine). Son père fut député provincial dans les Cantons de l’Est et ministre des Mines dans le gouvernement provincial de Maurice Duplessis. Le Père Robinson a suivi le cursus typique d’un Anglo-Montréalais de bonne famille en poursuivant des études au pensionnat de la Bishop’s College School, au Collège Bishop (à Lennoxville) et à l’Université McGill, où il obtint une maîtrise en philosophie à l’âge de vingt ans. Il continua et termina ensuite ses études doctorales en philosophie moderne à l’Université d’Édimbourg, en Écosse.

Ses recherches spéculatives, sa formation religieuse anglicane, l’omniprésence de l’Église catholique à Montréal et le décès de son père en 1948 le poussèrent à se poser la question de Dieu, de son existence et de son incarnation. Lors d’un séjour d’étude à Oxford en 1954, il entreprit un sérieux et décisif processus de réflexion spirituelle et intellectuelle, appuyé par les savants Dominicains anglais du couvent Blackfriars, qui le conduisit à adhérer officiellement à l’Église catholique romaine. Il fut ordonné prêtre catholique en 1962 à la suite de ses études cléricales à Rome pour l’archidiocèse de Montréal, sous la protection paternelle du cardinal Paul-Émile Léger, qui en fit son secrétaire anglophone, bien qu’il s’exprimât aussi fort bien en français. Quand Mgr Léger quitta son diocèse pour l’Afrique en 1967, le Père Robinson retourna à l’Université McGill où il devint professeur et directeur du département de philosophie.

Son expérience chez les Dominicains après sa conversion et son intérêt pour saint Philippe Neri, fondateur de l’Oratoire, et le théologien oratorien John Henry Newman, l’incitèrent à réunir quelques jeunes étudiants autour de lui vers 1973, alors que l’Église  montréalaise et l’université étaient en pleine crise. (…)