NOTES DE LECTURE – LOUIS BOUYER, Mystère et ministères de la femme
Mise en ligne de La rédaction, le 26 juin 2022.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 64/PRINTEMPS-ÉTÉ 2022]
LOUIS BOUYER, Mystère et ministères de la femme, préface de Jean Duchesne, Paris, Ad Solem, 2019.
Par ANDRÉ DÉSILETS
À l’instar de Louis Bouyer, je suis très conscient des moqueries que cet ouvrage provoquerait chez nos leaders d’opinion et nos féministes professionnelles – à supposer qu’ils aient l’idée de le feuilleter –, tant leur idéologie transpire le mensonge à plein nez*. Car l’idéologie est par nature déconnectée de la réalité. Aussi aspire-t-elle ipso facto à la propagande. «Qu’est-ce que l’idéologie?» demande Jean-François Revel:
C’est une construction a priori, élaborée en amont et au mépris des faits et des droits, c’est le contraire à la fois de la science et de la philosophie, de la religion et de la morale […] Toute idéologie est un égarement. Il ne peut pas y avoir d’idéologie juste. Toute idéologie est intrinsèquement fausse, de par ses causes, ses motivations et ses fins, qui sont de réaliser une adaptation fictive du sujet humain à lui-même – à ce lui-même, du moins, qui a décidé de ne plus accepter la réalité, ni comme source d’information ni comme juge du bien-fondé de l’action**.
/ Lire la suite… »DOCUMENT – Rencontre avec le prince Kozlovski (Extraits de La Russie en 1839)
Mise en ligne de La rédaction, le 26 juin 2022.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 64/PRINTEMPS-ÉTÉ 2022]
PAR LE MARQUIS ASTOLPHE DE CUSTINE
Pour éclairer la situation spirituelle et politique de la Russie actuelle, voici des extraits d’un ouvrage écrit il y a plus de 180 ans : La Russie en 1839 du marquis Astolphe de Custine (1790-1857). L’idée, qui paraît singulière, s’autorise pourtant d’un des principaux artisans de la politique américaine face à l’URSS après la Seconde Guerre mondiale, George F. Kennan, qui a jugé qu’il s’agissait de la meilleure étude sur la Russie de Staline. Osons corriger toutefois le fameux politologue. Cette œuvre de Custine, plus qu’un bon livre sur la Russie de Staline, est surtout un des meilleurs consacrés à la Russie de Vladimir Poutine.
/ Lire la suite… »La Russie entre politique et eschatologie (texte intégral)
Mise en ligne de La rédaction, le 20 mars 2022.
Par Matthieu Lenoir
Notez bien la date de cette très belle étude de notre collaborateur Matthieu Lenoir (Michel Léon) sur la Russie de Vladimir Poutine : elle a été publiée il y a presque sept ans, en mai 2015, dans le numéro XLVII d’Égards. La fascination envers Poutine à laquelle s’est laissé prendre une partie de la droite française y est justement blâmée, sans que soient dissimulées les tares du libéralisme avancé. Aujourd’hui, l’agression sauvage de l’Ukraine ébranle, qu’on le veuille ou non, une culture conservatrice fatiguée, peu sûre d’elle-même, incertaine, oscillant entre une morne hébétude et un activisme effréné. Si l’on veut défendre avec intégrité et piété cette tradition réaliste et rationnelle, il importe d’en préciser les principes et de l’affranchir de certaines déviations théologico-politiques : le gnosticisme césaro-papiste oriental est un nihilisme qui recèle au moins un point commun avec la technocratie occidentale et les biens imaginaires qu’elle prodigue: sa négation de la nature du politique. Entre «l’absorption du pouvoir spirituel par les forces temporelles», que réalise selon Auguste Comte l’esprit révolutionnaire, et la fusion contre nature du spirituel et du temporel à laquelle ont succombé la Russie orthodoxe et l’islam (et qui tente également plusieurs mouvements évangéliques ainsi qu’un bon nombre de catholiques déçus), il existe, croyons-nous, un passage, une restauration possible, humble, modeste, mais réelle, qui consiste justement en un retour du politique, un ordre politique qui reconnaît le spirituel sans chercher à s’y substituer. Cette réflexion que le drame ukrainien rend urgente, nous la poursuivrons dans le prochain numéro d’Égards. En attendant, lisez, relisez et méditez ce magnifique essai.
J.R.
Voici seize années que Vladimir Vladimirovitch Poutine dirige la Russie. À la rigidité cadavérique de l’URSS avait succédé, de 1990 à 1999, une décomposition quasi organique. L’Union s’était fragmentée, la Russie était devenue un géant titubant à l’image de son président d’alors, Boris Eltsine. L’économie était revenue à l’état de troc, les entreprises payant leurs fournisseurs en poissons séchés ou en billots de bois. Les capitaux publics, récupérés par les nouveaux riches – anciens cadres de l’économie étatisée –, fuyaient par dizaines de milliards de dollars. L’alcoolisme faisait des ravages à l’échelle continentale, celle du pays. Les marges musulmanes basculaient dans la vésanie terroriste. La population décroissait de centaines de milliers d’habitants avec un taux de fécondité s’effondrant à 1,20 enfant par femme en âge de procréer, pour un taux de remplacement de 2,1. De 1990 à 2008, la population passa de 148 à 142,7 millions d’habitants, avec une baisse notable dans les parties les plus peuplées et urbanisées du pays, dans l’ouest européen.
L’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, d’abord comme premier ministre d’un Eltsine en fin de vie, en 1999, puis comme président, en 2000, a marqué un tournant dans l’histoire de ce pays aux dimensions planétaires. Poutine, KGBiste ayant voyagé, considérait que la dissolution de l’URSS avait été la plus grande catastrophe de l’histoire de la Russie. Manière au passage de reconnaître en l’URSS, prétendue libre association d’États, une forme accomplie de l’impérialisme grand-russe. Il imposa d’entrée un programme que l’on peut résumer ainsi:
– Élimination des opposants politiques dotés d’une assise économique, tel Mikhaïl Khodorkovski, jeune oligarque à la tête de l’empire pétrolier Ioukos, soumis au pire traitement après condamnation pour escroquerie et fraude fiscale et embastillé dix années durant;
/ Lire la suite… »Le numéro 63 d’Égards est disponible
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
Sommaire du numéro 63 – Automne 2021-Hiver 2022
Max Thorn – Défectuosité
Michel Léon – Libertés et autorité : La politique de Salazar
Jean Renaud – Une Église vacillante ? La messe en latin, Vatican II et le père Theobald
À la pointe du calame
Alain de Benoist – Pour le centenaire de Thomas Molnar
Jean Renaud – La réaction, une idée neuve en Europe? Thomas Molnar
Le siècle, les hommes, les idées
Friedrich von Platen – Un nouveau Credo : Je crois en Moi
Luc Gagnon – L’abbé Yves Normandin (1925-2020) : le fidèle gardien du trésor sacré
Notes de lecture
André Désilets – Jean-Claude Larchet, En suivant les Pères. La vie et l’œuvre du Père Georges Florovsky
Nicole Gagnon – Michel Allard, Paul Aubin, Félix Bouvier et Rachel Desrosiers, Une histoire de la formation des maîtres au Québec
Débats et polémiques
Jean Gould – Le Diable de Saint-Hyacinthe : autour de T.-D. Bouchard
Défectuosité
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]
PAR MAX THORN
Il n’y a pas de rédemption pour les êtres de ton espèce, songea Porter en apercevant l’enseigne électrique à travers le rideau de pluie, de vent et de ténèbres. Ce qui vient du néant retourne au néant, se répéta-t-il. Et il accéléra.
/ Lire la suite… »Libertés et autorité : La politique de Salazar
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]
PAR MICHEL LÉON
Le 6 août 1938, un long entretien avec le président du gouvernement portugais António de Oliveira Salazar (1889-1970) parut dans l’hebdomadaire français L’Illustration. Le fondateur de l’Estado Novo avait été nommé ministre des Finances en 1928 par le président de la République Oscar Carmona alors que le Portugal vivait une crise financière gravissime le portant au bord de la banqueroute. De plus, le pays était fracturé entre une population massivement rurale, conservatrice et catholique, dont Salazar était issu, et une frange urbaine lisboète fascinée par les fortunes constituées pendant la première mondialisation, celle des / Lire la suite… »
Une Église vacillante ? La messe en latin, Vatican II et le père Theobald
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]
PAR JEAN RENAUD
Ma première réaction, lorsque je pris connaissance du motu proprio du pape François Traditionis Custodes et de la lettre qui l’accompagne, fut la surprise. Une Église apparemment vaincue, lessivée, déshonorée, réussit en plus à se diviser davantage sans raison valable, par étourderie, autoritarisme, vanité, orgueil, que sais-je ? Notre pape dans cette affaire, songeai-je, a été aussi intransigeant que maladroit. Le mot cruauté me vint à l’esprit. Devrais-je m’en repentir ? Mais comment le pape François, même s’il soutient le contraire (se croit-il ?), a-t-il pu contredire aussi / Lire la suite… »
À LA POINTE DU CALAME – Pour le centenaire de Thomas Molnar (texte intégral)
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]
PAR ALAIN DE BENOIST
Sous la présidence d’honneur de M. Zsolt Semjén, le vice-premier ministre de la Hongrie, un colloque célébrant les cent ans d’un des philosophes politiques les plus importants du vingtième siècle, Thomas Molnar (1921-2021), a eu lieu le 25 juin 2021 à Budapest. En cette occasion, Alain de Benoist, un ami de longue date de Thomas Molnar, ainsi que Jean Renaud, fervent lecteur du philosophe hongrois, ont envoyé une allocution par vidéo, toutes les deux traduites par Béla Király et sous-titrées en hongrois. Voici le texte original de l’allocution d’Alain de Benoist.
Je voudrais d’abord saluer et féliciter cordialement tous ceux qui ont pris l’initiative d’organiser cette conférence commémorative à l’occasion du centenaire de la naissance de Thomas Molnar. Une belle initiative, pleinement justifiée!
J’ai rencontré pour la première fois Thomas Molnar, à Paris, le 10 juin 1967, soit il y a maintenant plus d’un demi-siècle. Entre le jeune journaliste de vingt-trois ans que j’étais alors et l’écrivain déjà confirmé qu’il était un lien d’amitié s’est très rapidement établi. Il ne s’est jamais démenti jusqu’à la mort de Thomas, en juillet 2010. / Lire la suite… »
À LA POINTE DU CALAME – La réaction, une idée neuve en Europe ? Thomas Molnar (texte intégral)
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]
PAR JEAN RENAUD
Sous la présidence d’honneur de M. Zsolt Semjén, le vice-premier ministre de la Hongrie, un colloque célébrant les cent ans d’un des philosophes politiques les plus importants du vingtième siècle, Thomas Molnar (1921-2021), a eu lieu le 25 juin 2021 à Budapest. En cette occasion, Alain de Benoist, un ami de longue date de Thomas Molnar, ainsi que Jean Renaud, fervent lecteur du philosophe hongrois, ont envoyé une allocution par vidéo, toutes les deux traduites par Béla Király et sous-titrées en hongrois. Voici le texte original de l’allocution de Jean Renaud.
Permettez-moi d’abord de saluer chaleureusement tous les participants à cette conférence commémorative consacrée à ce penseur de premier plan que fut Thomas Molnar. Sa stature morale et intellectuelle, celle d’un maître, ne fait pour moi aucun doute, et il n’est que justice que ce soit dans son pays natal, sur lequel il fondait tant d’espoir, que soient mises en lumière l’importance et la portée de son œuvre pour l’avenir de notre civilisation. / Lire la suite… »
LE SIÈCLE, LES HOMMES, LES IDÉES – Un nouveau Credo : Je crois en Moi (texte intégral)
Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.
[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]
La rédaction a reçu dernièrement un essai de son collaborateur viennois, Friedrich von Platen. Ce satirique francophile, versé en psychiatrie et en oenomancie, renommé dans certains cercles de Québec et de Lvov pour ses apophtegmes et ses saillies, nous écrit qu’il s’est « amusé à rédiger le Credo des hommes de ce temps ». Nous avons pensé que les lecteurs d’Égards apprécieraient son morceau intitulé :
Je crois en Moi / Lire la suite… »